Alien, Kamala : même combat ?
Pendant une élection, personne ne vous entend crier
Avant de partir en vacances, j’ai inauguré “America F*ck yeah”, une rubrique consacrée aux Etats-Unis d’Amérique via le medium de la pop culture.
Aujourd’hui, alors que la convention des démocrates vient de s’achever, j’aimerais attirer votre attention sur le lien évident entre Kamala Harris et Ellen Ripley, l’héroïne de la saga Alien.
Pour celleux d’entre vous qui n’ont pas le synopsis du 1er Alien en tête, je vous révélerai juste que, confrontée à une mort quasi certaine, Ripley, le 3e officier d’un vaisseau spatial décide de sauver… le chat.
Et rien que pour ça, ça vaut la peine de revoir cet opus.
Ripley était, avant que J.D. Vance (le colistier de Trump) n’utilise l’expression “miserable childless cat lady”comme une insulte, une cat lady émérite. Alors Ripley, Kamala, même combat ?
Voici trois point pour questionner cette intuition hautement analytique :
Primo, Ripley place l’intérêt du groupe au-dessus de celui de l’individu. Lorsque le capitaine du vaisseau et le 2e officier reviennent avec une sangsue-surprise (sangsue-rprise) leur demande de respecter les normes de sécurité pour le bien de la majorité de l’équipage, comme par exemple, rester en quarantaine ou porter un masque, voire-même, se faire vacciner. Pardon pour cette COVID-tangente.
Kamala Harris nous l’a rappelé hier lors de son discours à la convention démocrate, elle a travaillé dans l’administration, et pour le peuple, depuis le début de sa carrière. Contrairement à un certain D. Trump.
Deuxio, Ripley essaie de se baser sur les faits : Ainsi, elle fact-checke le signal qui a détourné le vaisseau de son retour programmé et identifie que celui-ci n’est pas un SOS, mais bien un avertissement. Malheureusement, personne ne l’écoute. Les aléas d’être une femme aux commandes…
Ne nous leurrons pas, si Donald Trump est connu pour réécrire l’histoire et mentir ouvertement, et ce, même lorsqu’il n’est pas en campagne, Kamala Harris sait aussi utiliser les faits à son escient en ne les replaçant pas toujours dans leur contexte. Mais il est dans son intérêt de défendre la vérité pour s’opposer ainsi à celui qu’elle a appelé hier un “type pas sérieux”.
Tertio, Ripley lutte, à sa manière, contre les monopoles qui veulent absolument exploiter tout et tout le monde. A commencer par le conglomérat Weyland-Yutani qui utilise l’équipage du Nostromo pour aller récupérer le joujou intergalactique dernier cri.
Contrairement à ce que cet image semble vous dire, le joujou en question n’est pas un préservatif usagé ou une méduse échouée - Alien est aussi une réflexion sur la peur du monstre, du vagin, de l’éclosion-, mais bien un bon gros monstre de destruction massive qui va prendre au dépourvu tout le monde à commencer par le 2e officier et le capitaine qui se sont jetés sur l’opportunité d’aller colon… explorer une nouvelle planète et qui, quand un oeuf satanique a commencé à s’ouvrir sont restés à regarder au lieu de partir en courant. Ah le sentiment de surpuissance.
Ce premier opus nous montre donc un homme qui s’attaque en premier aux hommes blancs qui ont du pouvoir ? Alien serait-il un agent du fémino-socialisme1 ?
Et c’est là que le bat blesse. Si l’administration Biden, dont Kamala Harris fait partie, a intenté des procès à Meta et Amazon à travers Lina Khan, la tête de la Federal Trade Commission, les personnes qui gravitent dans l’orbite de Kamala Harris sont elles, distinctement pro exploitation : à commencer par Tim West, ex directeur juridique d’Uber et Reid Hoffman, co-fondateur de Linkedin et de Paypal (avec Elon Musk et Peter Thiel, deux superpourris du XXIe siècle) qui n’a aucun problème avec la notion de monopole, même s’il rebaptise cela subtilement Blitzscaling ou comment grandir très vite et très fort pour bloquer la concurrence sur son petit coin de marché. Reid Hoffman a d’ailleurs appelé au licenciement de Lina Khan. Il faut dire qu’après avoir intenté des procédures qui viennent questionner les monopoles des GAFAM, il ne doit pas se sentir à l’abri.
Ripley n’est pas Kamala et Kamala n’a rien d’une Ripley. L’élection américaine, comme de nombreuses élections est aussi une affaire de business. Tant pis pour cette comparaison qui aurait été bien confortable.
En fin de compte, on peut offrir aux Américains les mots du sbire de Weyland-Yutani, joué par Ian Holm, aussi attaché à protéger l’Alien qu’il le sera à protéger son anneau de pouvoir 22 ans plus tard2.
“Je ne vous mentirai pas sur vos chances de survie mais... vous avez ma sympathie.”
Ici, par socialisme, on entend bien sûr le socialisme pré- PS. Quant à la nécessité d’ajouter socialisme à féminisme, elle me paraît nécessaire dans un contexte de 40 ans où le capitalisme a absorbé les parties digestibles du féminisme pour nous servir la #girlboss et toutes ses itérations actuelles et à venir.
Ian Holm est aussi l’interprète de Bilbo le Hobbit qui n’est pas Gollum, mais qui pourrait l’être.
J'adore l'idée de cette rubrique !
Je suis toujours attentivement les élections US donc ta lettre ne pouvait que m'intéresser 😇
Merci pour cette lecture
Sophie